Mise en pause temporaire

lundi 16 mai 2011

Quand on est étudiant, il y a cette maladie chronique qu'on appelle la période d'examens. Elle survient généralement quand il commence à faire beau et qu'on n'aimerait rien tant que de lire un bon pavé en sirotant un verre en terrasse. Mais on n'y coupe pas, malheureusement. Je vous donne donc rendez-vous dans un mois, le temps que je guérisse.

Je profite de l'occasion pour faire deux petites annonces.
1) Blogger semble avoir des sautes d'humeur en ce moment, espérons que ça se stabilise. En attendant j'ai re-posté mon billet sur Mutafukaz, qui n'était plus visible.
2) Je reporte de façon complètement arbitraire et unilatérale la limite du challenge Blade Runner à la fin août, pour la simple raison que je n'aurai pas le temps de jouer au jeu vidéo d'ici fin juin, et ça aurait quand même été dommage de faire l'impasse dessus. Pour ceux qui hésitaient, c'est l'occasion de participer!

Mutafukaz - Run




Série BD publiée de 2006 à 2010 aux éditions Ankama


Comme d'hab, j'arrive après la bataille. C'est que Mutafukaz a créé un vrai petit phénomène à sa sortie... il y a 5 ans (pour le 1er tome). Une vraie success-story éditoriale comme on aimerait en voir plus souvent. Tout commence avec un court métrage réalisé en 2002 par Run (avec l'aide de quelques modélisateurs 3D), alors un parfait inconnu. Celui-ci rencontre un franc succès, et Run a alors l'idée d'en tirer un projet BD. Après avoir essuyé de nombreux refus, Ankama qui se lance justement à ce moment là dans l'édition accepte de signer pour ce projet atypique. J'en profite au passage pour dire que si je me situe en général assez loin de leur ligne éditoriale (quoique, ils se sont pas mal diversifié ces dernières années), j'apprécie beaucoup l'initiative et les risques que n'hésite pas à prendre cette jeune maison d'édition, qui a d'ailleurs participé à la redynamisation générale de l'édition BD en France ces dernières années. Voilà, c'est dit. Mutafukaz donc, rencontre un succès immédiat et la série cumule aujourd'hui plus de 30k ventes, ce qui est assez énorme pour un tel projet partit de zéro. Depuis, Run est devenu directeur artistique de la collection Label 619 chez Ankama, qui a notamment réédité l'excellent Tank Girl (il était temps). Vous comprenez maintenant pourquoi je me suis penché sur cette série avec beaucoup d'attention et d'attentes.
(Ange)lino (à gauche) et Vinz (à droite)


C'est l'histoire de deux jeunes loosers, Angelino et Vinz, qui habitent un apart crasseux d'une banlieue américaine mal famée. Leur vie va basculer le jour où Angelino, livreur de pizzas, a un accident de scooter et en ressort miraculeusement avec un simple mal de tête. A partir de ce moment, il devient parano puisqu'il semble être le seul à voir les ombres menaçantes attachées à certaines personnes et est persuadé que de drôles d'hommes en noir sont à sa poursuite. Autant le dire tout de suite : tout ça n'est qu'un prétexte pour une histoire qui va très vite s'emballer et foncer à cent à l'heure en nous mettant plein la vue jusqu'à son dénouement au bout du troisième tome. Le tome 0, paru entre le deuxième et le troisième, est une sorte de spin-off au style graphique bien à part et qui raconte les origines de l'histoire, dans une ambiance beaucoup plus uchronique. Au cours de la série, on va notamment croiser une armée de cafards affamés, des catcheurs de la lucha libre, des nazis qui vont sur la lune et une mante religieuse géante.


Les sauveurs de l'humanité

Graphiquement, on est plus que comblé. Run est un dessinateur génial, chaque page est un délice pour les mirettes. Pas que le trait soit particulièrement joli, mais le style se renouvelle sans cesse, alternant entre la BD classique, le comic, le manga, alternant régulièrement à l'intérieur d'un même tome. Il y a même un passage en 3D dans le tome 0 (les lunettes sont fournies avec) (bon après c'est comme au cinéma, moi je trouve ça très gadget, mais l'idée est amusante). On sent que Run s'éclate, et il nous fait partager son plaisir. C'est bourré de références visuelles à la culture urbaine américaine (on comprend sans peine que l'idée de la BD lui est venue après un road trip dans le sud des USA) et de clins d'oeil aux vieux pulps et comic books. Vous remarquerez d'ailleurs que sur chaque tome est apposé un petit logo "DISapproved by the Comics Code Authority". Mais ce que j'ai préféré, c'est les bons à découper et les pubs pleine page qui parsèment chaque tome, à la manière des vieux trade paperbacks :


Retour en enfance, avec les avion en frigolite à lancer (cliquez pour élargir)

Tout bon héros a sa gamme de produits dérivés débiles (cliquez pour élargir)

Tout n'est pas rose cependant, et quitte à me faire huer par son armée de fans (je n'ai pas lu une seule critique négative sur la BD), je dois dire que je me suis ennuyé par moments. L'histoire se traîne un peu, on ne voit pas très bien où ça veut en venir, puis à un moment tout se décoince et c'est finit en quelques pages. Le tome 0 est plus intéressant de ce côté là et nous aide à mieux comprendre certains trous dans la série principale, mais de nouveau certaines pistes ne sont pas exploitées à fond et l'ensemble laisse un certain goût d'inachevé. En fait, la série souffre à mon avis de ses points forts : l’expérimentation graphique y tient une place tellement importante qu'elle a tendance à reléguer tout le reste au second plan. Run est avant tout un (bon) graphiste, et il aurait bénéficié à mon sens de travailler en collaboration avec un vrai scénariste.

Mettez votre cerveau de côté un instant, et profitez de la vue (cliquez pour élargir)

Alors voilà, je me suis bien amusé en lisant cette série complètement déjantée au style expérimental et décalé. Mais c'est "tout" (c'est déjà pas mal me direz-vous). Au risque de passer pour un connard pédant (j'assume), je recherche autre chose dans mes lectures BD qu'un simple exercice de forme, aussi réussi puisse-t-il être (et il l'est). Reste un récit survitaminé, mais pour ma part l'action pour l'action ça m'ennuie vite. Et en dehors du "méta-humour" en clin d'oeil à la culture populaire, je n'ai pas trouvé la série particulièrement drôle, alors que ça aurait pu compenser le scénario un peu faiblard. Dans la veine trash-violent-déjanté, j'ai largement préféré le premier tome de Monkey Bizness, paru justement dans la collection dirigée par Run, et qui pour le coup m'a franchement fait rire. Si vous êtes passionné de graphisme et que vous aimez le mélange des genres foncez, sinon faites comme moi si possible, empruntez-le. La lecture vaut tout de même le coup à mon avis, ne serait-ce que pour l'originalité de l'oeuvre.

CITRIQ

Petit intermède musical

samedi 7 mai 2011
Keep it Unreal, album de Mr Scruff sortit en 1999

Bon, je m'étais promis de ne pas écrire de billets portant sur la musique, d'une parce que je suis conscient d'avoir des goûts assez particuliers en la matière, mais surtout parce qu'entre les bouquins, les BD, les films et les jeux-vidéo j'estime que le blog est déjà suffisamment éparpillé comme ça. J'essaye de garder un certain focus sur les oeuvres de fiction, parce que sinon je vais me mettre à parler de mes plats préférés, de mes destinations de vacances favorites et à chroniquer mes visites chez ma grand mère. Je m'accorde un petit écart puisque Guillaume m'a tagué pour parler de mon album préféré, et que c'est difficile de résister.

Rien de plus dur que de choisir son album préféré, d'ailleurs je n'y avais jamais vraiment réfléchi jusqu'ici. S'il y a une question que je déteste, c'est bien la rituelle "si tu étais sur une île déserte et que tu ne pouvais emporter avec toi qu'un x, qu'est ça serait?". Je ne suis pas sur une ile déserte, dieu merci.
A défaut donc d'être mon album "préféré", Keep it Unreal de Mr Scruff a l'avantage d'assez bien représenter mes goûts musicaux : une base de sampling, une sauce électro, une dose de hip-hop et une touche de jazz. Tadam! (oui oui, c'est le clip officiel)


Et en fait, je suis assez fan de presque tout ce qui sort au label anglais chez lequel a signé Mr Scruff, Ninja Tune. C'est notamment eux qui produisent les tout aussi excellents Amon Tobin, Bonobo et The Herbaliser (et plein d'autres). De la pure came, sans risque d'overdose.

Et j'en profite pour rappeler qu'une liste de mes artistes musicaux préférés se trouve dans ma page coups de coeur. Allez, pour le plaisir des oreilles, une autre track de l'album :

Juno - Jason Reitman

jeudi 5 mai 2011
Comédie dramatique américano-canadienne sortie en 2007

Vous savez, j'ai l'air d'un dur comme ça, mais en réalité je suis une grosse éponge. Yé oune coeur grande comme ça, et mucho amor à donner. Et une vraie madeleine, avec ça. Tout ça pour dire, j'ai revu Juno l'autre jour, et ça m'a ému tout comme la première fois. Hop, trailer :


C'est l'histoire d'une jeune américaine de 16 ans qui n'a pas sa langue dans sa poche, et qui un jour parce qu'ils s'ennuient tous les deux couche avec son ami un peu empoté. Elle tombe enceinte, et après avoir envisagé l'avortement, elle décide finalement d'avoir son enfant et de le faire adopter. En parcourant les petites annonces dans le journal, elle tombe sur le couple idéal...

Le fameux hamburger phone en action

Le film est drôle, intelligent et touchant, sans jamais donner l'impression de forcer le trait. C'est d'autant plus remarquable qu'il n'est absolument pas crédible. Jamais vu une ado qui ressemblait de prêt ou de loin à Juno, et le coup du mec qui a l'air d'être heureux dans un couple idéal mais est en vérité un grungy refoulé est tellement cliché qu'on n'y croit pas une seconde. Mais c'est pas grave. Puisque tout, de la mise en scène aux dialogues en passant par le scénario, est fait avec une telle sensibilité et une justesse de propos qu'on ne peut qu'être immédiatement conquis et rentrer dans le film à 100%.

Saluons également la performance de Michael Cera qui joue très bien l'empoté 

Et Ellen Page. Raah, Ellen Page! Pour être honnête, c'est après l'avoir vue dans Super l'autre jour que j'ai eu envie de me refaire Juno. Dieu a finit par me punir pour toutes ces années de moqueries et de condescendance de ma part vis-à-vis des fanboys/girls qui craquaient sur un(e) acteur(trice) et souriaient béatement devant leur photo en couverture des magazines (faut dire que Dieu aime assez ce genre d'attitude). Et comme le vieux barbu a le sens de l'ironie, il m'inflige la même affliction que je n'avais de cesse de railler. Ô cruelle destinée! (etc etc) Je suis maintenant condamné à acheter un énorme poster d'elle que je collerai dans ma chambre, ainsi qu'un téléphone-hamburger, et à remplir ma boite aux lettres de tic-tac orange. Et bientôt mon apart ressemblera à celui d'une groupie de tokio hotel (le jour où ça arrivera, merci d'avoir pitié et de me mettre une balle dans la tête).

Ça y est, j'ai atteint le point de non-retour

En dehors de sa portée strictement émotive, ce qui m'a beaucoup plu dans ce film c'est qu'il traite d'un sujet tout ce qu'il y a de plus sérieux (les mères adolescentes) avec finesse et sans tomber dans les gros clichés, d'un côté comme de l'autre. Je pense qu'en tant qu'européens (européens continentaux en fait, puisque l'état d'esprit au Royaume-Uni sur ce sujet est un peu plus proche de celui des USA) on peut avoir du mal à se rendre compte de l'originalité du traitement, je dirais même sa portée subversive. Il faut bien se rendre compte qu'aux USA, le phénomène des mères adolescentes fait partie des sujets de sociétés les plus importants. Rappelons que le taux de grossesses chez les filles de 15-19 ans y est de loin le plus élevé des pays développés, quasiment quatre fois supérieur à celui de la France à titre de référence (source). En plus comme vous le savez sûrement, c'est aussi aux USA qu'on trouve les opinions les plus tranchées à ce sujet (allez, juste pour rire). Remuez bien, et vous obtenez un cocktail explosif.
<3615 ma vie>Ayant moi-même été à l'école en Amérique et ayant participé là bas à des cours d'éducation sexuelle, je me souviens de l'importance qui était accordée à cette question. J'avais même eu à m'occuper pendant toute une semaine d'une espèce de poupée-robot qui pleurait à intervalles réguliers mais imprévisibles, en sorte qu'il fallait la garder constamment à côté de soi pour la "consoler" à ces moments là (notre note finale en dépendait). C'est symptomatique de l'image très négative que l'on donne aux jeunes américains de la maternité, dans le but de minimiser les risques de grossesses non prévues / désirées. D'ailleurs il y a une véritable stigmatisation sociale du phénomène, les mères adolescentes y étant extrêmement mal vues. De façon générale le film a été pour moi une vraie madeleine de Proust de mon séjour aux USA, puisque j'avais à peu près l'age de Juno à ce moment là.</3615 ma vie>
Tout ça pour dire, ça fait du bien de voir un film (canado-)américain qui traite de ce sujet sans complaisance, mais de façon intelligence et sans tomber dans les clichés. A noter que le film a créé un mini scandale aux USA à sa sortie, justement à cause de cela, quelques agités du bocal s'étant mis en tête qu'il s'agissait là un pamphlet pro-vie, d'autres que le film présentait une vision romantique et angélisée de la grossesse adolescente. Quand vous fâchez les extrémistes de tous bords, vous pouvez être à peu près sûr que vous avez touché juste.

Cut Chemist fait un caméo dans le rôle du prof de chimie. Joli clin d'oeil.

Du même réalisateur, je conseille d'ailleurs l'excellent Thank You For Smoking. Et je compte me procurrer sans tarder son dernier film, Up in the Air.

World War Z - Max Brooks

mardi 3 mai 2011
Roman publié en 2006 aux éditions Duckworth (traduit en français sous le même titre)

Décidément, il y a du talent dans la famille Brooks, à croire que c'est héréditaire (ça n'est pas Marine qui me contredira). Mais si, souvenez-vous, papa Brooks a réalisé toute une série de parodies d'histoires populaires au cinéma, dont les excellents Young Frankenstein (bien envie de le revoir tiens, maintenant que j'ai lu l'oeuvre d'origine) et Blazing Saddles. Ne vous y trompez pas cependant : World War Z (WWZ) n'a rien d'une parodie de zombies comme il en existe tant, et qui rivalisent souvent de médiocrité. Max Brooks aborde cette thématique d'un point de vue on ne peut plus sérieux et exploite avant tout sa portée dramatique, ce qui rappelle inévitablement les films de Romero.

Vous me direz que du zombie, vous en avez déjà bouffé à la pelle et qu'à force vous avez les dents du fond qui baignent. Je vous comprends. Mais WWZ, ça n'est pas une histoire de zombies comme les autres. L'originalité tient ici au fait que l'histoire est relatée du point du vue mondial : on suit l'apparition de l'endémie, puis sa transformation rapide en pandémie et la crise mondiale qu'elle va engendrer, mettant en péril jusqu'à la survie de l'humanité. Pour réaliser ce tour de force, la structure du livre prend une forme assez peu orthodoxe : il s'agit en réalité d'un recueil de témoignages, donnant le point de vue et l’expérience de la crise d'un grand éventail de personnes de diverses horizons. C'est assez déroutant puisqu'on saute toutes les quelques pages d'un personnage à l'autre, sans vraiment avoir le temps de s'attacher à aucun d'entre eux. Mais c'est particulièrement adapté au récit, puisque ces différents éclairages sur des évènements qui se complètent et se recoupent donnent une compréhension véritablement globale de la crise. J'ai beaucoup aimé cette construction narrative, qui fait participer le lecteur en l'obligeant à reconstruire lui-même le puzzle à partir des pièces éparpillées. Précisons également que l'histoire est raconté après la catastrophe, alors que ce qu'il reste de l'humanité a réussi à stabiliser la situation et commence tout doucement à se remettre sur pied, dans un monde qui a été intégralement dévasté en moins d'une décennie. Ça tue dans l'oeuf tout suspens qui aurait pu y avoir sur l'issue de la crise, mais au final ça n'est pas plus mal puisque ça permet au lecteur de se concentrer sur ce qui compte vraiment.

Les zombies sont ici un simple prétexte pour décrire une humanité au bord du gouffre. Ça aurait aussi bien pu être une catastrophe nucléaire, ou la chute d'une météorite géante, peu importe. Car l'essentiel n'est pas dans la figure du zombie (comme toutes les bonnes oeuvres exploitant ce thème l'ont compris), mais dans les réactions des hommes face à l'horreur et à la mort : la leur, celle de leurs proches, celle de l'espèce toute entière.
Brooks nous fourre le nez dans les aspects les plus sombres de la nature humaine, qui ressortent inévitablement quand on gratte un peu le vernis de la civilisation. Comment réagirez-vous quand ce voisin à qui vous dites bonjour tous les matins en allant chercher le pain et qui vous offre chaque automne des légumes de son potager viendra arracher vos barricades à coups de hache?
Brooks expose toute la bêtise humaine et l'artificialité de nos sociétés : alors que les zombies sont à leurs portes, certains préfèrent s'accrocher à leurs écrans plats à $2000 plutôt que prendre la fuite. Et les compétences de survie les plus élémentaires comme celle d'allumer un feu font défaut à la plupart des fuyards. 
Enfin, Brooks prend un plaisir sadique à montrer tout le cynisme dont peuvent faire preuve les opportunistes de tout poil, qui exploitent le désespoir des survivants et continuent d'accumuler les richesses, dans un monde où celles-ci ont pourtant perdu toute utilité.

Le tout est raconté avec un parfait réalisme, rendant l'histoire terriblement crédible, à en faire régulièrement froid dans le dos. Chaque personne interviewé a sa propre personnalité, et les spécificités culturelles d'avant la guerre sont très bien rendues. A ce sujet je regrette simplement (et c'est bien la seule critique que je puisse faire au livre) que Brooks se concentre principalement sur l'Amérique du Nord et l'Asie, qui sont manifestement les cultures qu'il connait le mieux. Notons également par soucis d'objectivité que l'histoire s’essouffle un peu vers la fin, même si pour ma part je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer.

Non, ce livre ne plaira pas à tout le monde. Sa structure narrative particulière et son approche hyper-réaliste pourra décourager certains lecteurs. Mais son regard acerbe et cynique sur une humanité au bord du gouffre mérite à mon avis le détour. Pour ma part je me suis régalé.

Coup de coeur

Lu dans le cadre du Cercle d'Atuan.

Lu dans le cadre du challenge fins du monde


CITRIQ

Ils en parlent : AruthaIluze