Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? / Blade Runner - Philip K. Dick

samedi 25 juin 2011
Roman de Philip K. Dick écrit en 1966, ici l'édition poche chez J'ai Lu

Bien que Blade Runner fasse partie de mes films préférés, je n'avais encore jamais lu le livre dont il a été tiré. L'erreur est maintenant réparée, et c'est logiquement par l'oeuvre originale que j’inaugure ma participation au challenge Blade Runner, la totale.

Plantons le décor : une ville post-apocalyptique, à moitié dévastée suite à une guerre nucléaire mentionnée à mi-mot et dont les retombées ont tués la plupart des animaux et fait muter certains êtres humains, dit "spéciaux". A l'exception de ceux-ci pour lesquels l'exil est interdit, la plupart des habitants ont décidé d'émigrer vers des colonies spatiales plus hospitalières. Ils sont assistés dans cette tâche par des androïdes (les "réplicants"), dont certains semblent souffrir d'un dysfonctionnement (mais ne s'agit-il pas plutôt d'un éveil de la conscience?) puisqu'ils prennent la fuite pour revenir illégalement sur Terre. Le personnage principal, Rick Deckard, est justement un chasseur d'androïdes (un blade runner), chargé de les retrouver et de les "réformer" (l'emploi du terme "tuer" est exclu, puisqu'il est censé s'agir de simples machines). Son souhait le plus cher est d'accumuler suffisamment d'argent grâce aux primes qu'il reçoit à chaque androïde retiré de la circulation, pour enfin s'acheter un vrai mouton pour remplacer son mouton électrique. Oui, vous avez bien lu, un mouton. Les animaux étant particulièrement rares, ils sont devenus un bien précieux, et une source de fierté pour tous ceux qui en possèdent un. Par ailleurs, l'empathie étant ce qui distingue l'homme du réplicant, cela permet de se raccrocher à sa condition, et éviter par la même occasion qu'un blade runner vous prenne par mégarde pour un réplicant.

Comme vous pouvez le déduire de ce petit résumé, l'histoire aborde la thématique devenue ultra-classique en SF de ce qui distingue l'être humain du robot / androïde. La frontière est ici particulièrement floue, puisque les réplicants affichent en apparence toutes les caractéristiques des êtres humains, et seul un test d'empathie poussé (et régulièrement mis à jour au fur et à mesure que ceux-ci s’adaptent) permet de les identifier. Là où le récit fait mouche, c'est que les androïdes apparaissent régulièrement plus "humains" que les hommes eux-mêmes. J'en tiens pour preuve la façon dont Deckard tue avec un sang-froid implacable les réplicants, ou encore la marginalisation des "spéciaux" qui sont traités comme des moins-que-rien. L'orgue d'humeur, appareil permettant aux hommes de se programmer artificiellement une certaine humeur ou un état d'esprit, est une jolie trouvaille, qui participe également à cette "machinisation" des hommes. Comme souvent dans les histoires de Dick, il y a de délicieux passages où la réalité se brouille, et où sont remises en question les certitudes des personnages et celles du lecteur par la même occasion. Les réplicants sont surpris d'apprendre qu'ils ne sont pas humains, et les humains se demandent parfois s'ils ne sont pas au final que de vulgaires machines.

Seul petit bémol, l'espèce de trip religieux sur le Mercerisme qui sort un peu de nulle part je trouve et auquel je n'ai en tous cas pas vraiment accroché. Heureusement ça reste un aspect au final assez mineur de l'histoire, et ça ne m'a absolument pas gâché mon plaisir de lecture. Bien que connaissant déjà plus ou moins sa trame et les thématiques qu'il aborde (quel amateur de SF n'en a pas au moins entendu parler?), ce livre a tout de même réussi à me surprendre, et à me toucher. Une très belle découverte donc.

Lu dans le cadre du challenge Blade Runner, la totale

Lu dans le cadre du challenge fins du monde

CITRIQ

8 commentaires:

Ferocias a dit…

" l'histoire aborde la thématique devenue ultra-classique en SF de ce qui distingue l'être humain du robot / androïde. "
Ce thème est très ancien. Avant même que le mot androïde existe d'ailleurs.

Tigger Lilly a dit…

Vu le film, pas lu le livre encore.

Maëlig a dit…

@Ferocias effectivement, on peut même remonter jusqu'à la figure du golem qui soulève en partie les mêmes questions.

@Tigger Lilly c'est vraiment 2 oeuvres différentes, donc ça vaut la peine de lire le livre également.

Cachou a dit…

Je dois dire avoir bien aimé le mercerisme pour ma part, et avoir un peu regretté de ne pas le voir sur écran, même si sa suppression est logique dans un scénario.

Mon premier Dick, lu à 14 ans, et le roman qui a réellement marqué le début de mon histoire d'amour avec la SF. Un classique ^_^.

C'est pas tout, maintenant il faut en lire d'autre (ce qui me rappelle d'ailleurs que ça fait quelques mois que j'ai laissé dormir mon challenge sur Dick, je vais réveiller tout ça!)

Maëlig a dit…

J'ai déjà lu Ubik qui m'avait mis une belle claque (il est dans mes coups de coeur celui là), la prochaine fois je pense m'attaquer aux recueils de nouvelles.

Cachou a dit…

Commence peut-être par "Minority Report" alors, c'est un très bon recueil qui regroupe plusieurs nouvelles ayant été adaptées au cinéma, dont ma préférée, "Souvenirs à vendre", qui a donné "Total Recal" (film qui a oublié la moitié de l'histoire en route, et la meilleure moitié qui plus est).

Si jamais ça t'intéresse, dans le cadre de Summer Star Wars, je vais certainement lire les recueils "Un vaisseau fabuleux" et "Le voyage gelé", tous deux chez Folio.
Et certainement aussi "Deus Irae" pour le [Fins de monde] tant qu'on y est (mais là, c'est un roman)(co-écrit avec Zelazny)

Maëlig a dit…

Noté. Par contre je pense passer à la VO a priori, tu sais si c'est les mêmes recueils?

Lorhkan a dit…

Comme Tigger Lilly, je n'ai vu que le film, mais ce livre fait partie de ceux que je souhaite lire de Dick. Encore faut-il que je sois convaincu par l'auteur, ce qui n'est pour le moment pas le cas (je n'ai lu que la Maître du Haut Château, et... bof... je dois en faire une critique f-d'ailleurs, parce que je pressens qu'il y a plein de choses à dire sur ce bouquin, mais que je n'ai pas cerné à la première lecture).

Mais pour porter un jugement un peu plus honnête sur l'auteur, j'ai d'autres livres de lui sur ma PAL.

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