Réalisateur : Georges Franju
Année de sortie : 1960
Genre : horreur, drame, fantastique
Pourquoi ce film? Il passait au cinéma dans le cadre du festival Offscreen et le synopsis m'a intrigué.
Résumé : Le docteur Génessier est un génie de la chirurgie esthétique. En sus de ses talents de praticien, il aurait découvert un moyen de greffer des tissus entre spécimens d'une même espèce au génome différent (la greffe ultime, en quelque sorte). Il espère utiliser cette technique pour rendre un visage à sa fille, défigurée dans un accident de voiture. Mais pour cela, il a besoin de récupérer le visage d'une innocente jeune fille...
Mon avis : C'est un peu par hasard que je suis allé voir ce film, dont je n'avais jamais entendu parler avant. Et finalement grand bien m'a prit, puisque j'ai beaucoup aimé. Pourtant les films d'horreur c'est pas mon dada, en général ça m'ennuie rapidement. Mais celui-ci est emprunt d'une poésie touchante, et en même temps d'une ambiance pesante et dérangeante qui nous scotche à l'écran du début à la fin. On comprend très vite ce qui se trame, et comment tout cela va se terminer : pas de surprise à ce niveau là. Pourtant, j'ai été fasciné par cette figure énigmatique de la jeune fille au masque et par ses tourments.
Là où le film touche juste, c'est dans le côté suggestif de l'horreur. On ne voit jamais la défiguration qui est pourtant au centre de l'histoire. Les plans montrent toujours la fille du docteur de dos, ou portant son masque. La formule est bien connue : moins on en montre, plus l'imagination prend le relais. Mais c'est comme une bonne recette de cuisine : tout est dans le dosage, et Franju nous offre ici un met délicat et délicieux.
L’ambivalence des deux personnages centraux les rend fascinants. La fille du docteur est tourmentée et profondément traumatisée par son accident. Elle ne supporte plus de devoir porter son masque, et pourtant le moindre reflet de son visage la plonge dans l'horreur. Raison pour laquelle, d’ailleurs, le docteur a fait couvrir tous les miroirs de la maison d'un voile noir. On se demande jusqu'à la fin du film si elle cautionne vraiment les horreurs que commet son père pour lui rendre un visage. Quand au docteur Génessier, c'est un personnage énigmatique. Il est d'une intelligence remarquable, mais apparaît froid et dépourvu de tout sentiment de compassion. A travers le film, on se demande quelle est sa motivation réelle : donner un nouveau visage à sa fille, ou prouver au monde que sa théorie fonctionne et qu'il est effectivement le plus grand chirurgien au monde, si nécessaire en utilisant sa propre fille comme cobaye.
Verdict : Un vrai chef d'oeuvre et un classique du film d'horreur, injustement méconnu. Malgré un pitch assez convenu et sans grande surprise, il nous happe du début à la fin dans un mélange de répulsion et de fascination (et au fond, n'est ce pas là le propre de l'horreur, la vraie?).
Ma note : 8 skalpels / 10
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