Escape from Hell - Hal Duncan

jeudi 3 mars 2011
Novella publié en 2008 chez Monkeybrain (traduite en français sous le titre "Évadés de l'enfer!")

L'histoire commence sur les chapeaux de roue, puisqu'on assiste successivement à la mort des quatre personnages principaux, dans une narration hachée et particulièrement rythmée. On constate immédiatement que Duncan a non seulement un réel talent et une jolie plume, mais qu'il n'hésite pas à jouer avec les codes narratifs au profit de l'histoire, pour notre plus grand plaisir. Toujours à propos du style : on se croirait parfois dans une salle de cinéma, tant la narration, les scènes d'action et les références directes (on notera notamment Escape from New York et Orange Mécanique) reprennent les codes de ce média. A tel point que le livre pourrait presque être un synopsis de film hollywoodien, les bons sentiments et autres niaiseries en moins. Tel un Tarantino qui aurait prit la plume, Duncan nous arrache des sourires à travers une violence outrancière, démoralisée, jubilatoire.

Car oui, Escape from Hell est un livre violent. Au menu : des balles dans les rotules, des coups de crosse dans les tempes et des dents éparpillées sur le bitume. Je reprendrai encore un peu de rab, merci. Ceci étant dit, la violence n'est pas (toujours) gratuite, mais sert la portée satirique de l'histoire, même si celle-ci reste à mon avis sous-exploitée. En vrac, quelques idées qui m'ont plues :

  • Le principe qu'on se retrouve en enfer parce qu'on pense le mériter au moment de sa mort. C'est ainsi que le pauvre Matthew, dont la seule faute aura été d'être homosexuel, se retrouve aux côtés de criminels endurcis.
  • L'enfer "sur mesure". Selon ses vices lors de son passage sur terre, on se retrouve dans une situation bien particulière en enfer. Bon, ça n'est pas forcément particulièrement original, mais l'idée est plutôt bien rendue. Je pense notamment à Belle (la prostituée), qui se retrouve enfermée dans une chambre d’hôtel 24h/24 à faire des passes pour les policiers de l'enfer, et ce pour l'éternité.
  • La télévision, toujours allumée, et son unique chaîne, Voxnews (ça ne vous rappelle rien?), qui abrutit à longueur de journée à grands coups de faits divers et de reportages "de terrain".
  • Les clodos, qui à force d'être ignorés et volontairement oubliés dans la vraie vie, sont devenus réellement invisibles à l'oeil nu en enfer.

Bon, ça c'est pour la première partie du bouquin. Parce qu'après nous avoir brossé un portrait à la fois terrifiant et drôlement cynique de l'enfer, Duncan laisse un peu de côté ce foisonnement d'idées pourtant intéressantes pour faire avancer le récit. Et on se retrouve rapidement dans une évasion somme toute assez classique (l'enfer servant alors plus de décors qu'autre chose), où les protagonistes jouent à qui-c'est-qui-a-la-plus-grosse (machine gun). Bon, personnellement autant l'action pour l'action peut me distraire dans un film (et encore...), autant ça m'ennuie très rapidement dans un bouquin. Je ne garderai donc pas un souvenir impérissable de ce livre. Heureusement, c'est très court et ça se lit d'une traite, donc on n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer.

Imaginez l'adaptation en livre de L4D, et vous aurez une assez bonne idée de l'ambiance d'Escape from Hell (au moins pour le côté cheesy)

Verdict : Si vous cherchez les subtilités et les histoires touchantes et finement ciselées, passez votre chemin. Escape from Hell est un bon film livre de série B qui remplit ses promesses en nous livrant une histoire allant à 200 à l'heure et esquintant au passage quelques uns des travers de la société américaine (mais de façon un peu rapide à mon goût).


CITRIQ

Ils en parlent également : les copains du Cercle d'Atuan, PAT sur le Cafard Cosmique

3 commentaires:

Endea a dit…

Le début était prometteur effectivement, j'ai dévoré le prologue et le chapitre 1, et puis ... j'ai décroché, trop de sombre, pas assez de compréhension de ma part ... bref un avis final vraiment mitigé et du coup très mal analysé de ma part. Heureusement qu'il reste le plaisir de la lecture commune avec le Cercle ^^

Maëlig a dit…

Ca dépend vraiment des attentes que l'on avant la lecture je pense, mais c'est vrai que Duncan entretient un peu la confusion au début en nous laissant croire à la possibilité que son livre est autre chose qu'un concentré d'action. Je garde quand même un avis positif sur ce livre, mais c'est clair que ça n'est pas la lecture du siècle.

Cachou a dit…

Un gros délire à ne pas prendre au sérieux je pense, je me suis bien amusé en le lisant. Mais aussitôt lu, aussitôt oublié en fait.

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