Grandville - Bryan Talbot

jeudi 18 août 2011
Album BD paru en 2009 (traduit en français sous le même nom)

J'ai décidé de jeter un oeil à cette BD dont on a dit beaucoup de bien récemment dans la blogosphère. Et effectivement, il y a de quoi plaire : un décor steampunk / uchronique, des animaux anthropomorphisés au bagou indéniable, une intrigue avec un complot gigantesque, une aventure haute en couleur (au sens figuré comme au propre) et des références en pagaille (à commencer par le titre, qui est un hommage au caricaturiste du 19è, et la couverture qui n'est pas sans rappeler celle des éditions Hetzel de Jules Verne).

Plantons le décor : il y a deux cent ans, la Grande Bretagne a perdu les guerres napoléoniennes. Comme le reste de l'Europe, elle a été conquise par la France et comme il se doit la famille royale anglaise a été guillotinée (difficile alors de parler d'époque "victorienne", Victoria n'ayant jamais existé). La Grande Bretagne a fait partie de l'empire français, jusqu'à ce que quelques années avant le début du récit elle ait proclamée son indépendance suite à un soulèvement populaire et des attentats anarchistes qui ont donnés naissance à la République Socialiste de Bretagne (oui, rien que ça). Cet univers alléchant ne sert pas que comme arrière-fond de l'histoire : l'affaire qui semble au départ n'être qu'un vulgaire suicide (qui n'en est évidemment pas un) va remonter dans les plus hautes sphères de la politique française. C'est le blaireau et par ailleurs inspecteur de Scotland Yard LeBrock et son coéquipier Ratzi le rat qui vont mener cette enquête.

Dès qu'on parle d'inspecteur anthropomorphisé, difficile de ne pas penser au génialissime Blacksad. Et effectivement, LeBrock a ce petit côté "héros solitaire" (même s'il a un assistant) discret mais génial, même si à mon avis il n'atteint pas la classe de son collègue félin. On a un peu de mal à s'identifier à lui je trouve, d'une part parce qu'il est trop "parfait" (mais ça c'est le propre des héros), mais surtout parce qu'il n'hésite pas à avoir recours à la violence, y compris dans les situations où cela n'est absolument pas nécessaire. C'est un point (mineur) qui m'a un peu énervé dans la BD, et pourtant je ne pense pas être prude à ce niveau là. C'est juste que ça m'a parut vraiment gratuit.

L'histoire est un peu convenue mais joliment menée, avec des rebondissements qui font qu'on ne s'ennuie pas tout au long des 100 pages (tout de même). Par contre j'ai trouvé la chute en happy end peu crédible, petite déception de ce côté là. Mais c'est les détails qui ont vraiment vendu la BD à mes yeux : Talbot s'est amusé à glisser des clins d'oeil un peu partout, auxquels le lecteur attentif ne peut s'empêcher de sourire. C'est amusant d'ailleurs puisqu'il y a beaucoup de références que j'aurais tendance à considérer franco-françaises, j'imagine que ça ne doit quand même pas être évident pour un lecteur anglais (rappelons que la BD est initialement parue outre-manche) de reconnaître Spirou, Bécassine ou même Jean-Marie Le Pen (oui vous avez bien lu)! Sans oublier le détournement de tableaux célèbres. Plutôt osé de la part de l'auteur, du coup.

Côté dessin, je dois dire que je n'ai pas du tout accroché. C'est rare que ce soit le cas, puisque j'aime aussi bien des traits très simples comme celui de Trondheim que des choses un peu plus travaillées, l'essentiel étant que ça colle au style de l'histoire, et généralement une certaine alchimie opère. Sauf que là, j'ai trouvé les couleurs vraiment trop criardes, avec des effets photoshop un peu grossiers à mon goût. C'est vraiment une question de goût je précise, je ne prétends pas avoir la moindre objectivité en la matière. Après tout, le trait est plutôt soigné et a un certain style (que l'on pourrait qualifier de "naïf"). Le mieux est de s'en faire une idée soi-même :


Au final il y a trop de points négatifs au tableau pour que je puisse dire avoir adoré, mais j'ai quand même passé un bon moment. Ca n'est pas la BD de l'année, mais c'est du bon divertissement. A noter qu'une suite existe, "Grandville mon amour", et qu'un troisième tome est apparemment prévu.


Lu dans le cadre du défi steampunk

CITRIQ

2 commentaires:

Cachou a dit…

Tu mets "des animaux anthropomorphisés au bagou indéniable" dans les points positifs? Moi, ça me fait fuir, du coup je ne lirai pas cette BD...

Maëlig a dit…

Chacun son truc, moi j'aime assez le procédé quand c'est bien fait, et ici c'est plutôt le cas. Ceci dit tu ne rates rien d'indispensable àmha.

Enregistrer un commentaire