The Sopranos

samedi 9 avril 2011
série télévisée créée par David Chase, diffusée originellement entre 1999 et 2007

Une fois n'est pas coutume, je m'éloigne ici des contrées de l'imaginaire dans lesquelles j'ai l'habitude de batifoler, pour visiter le pays où l'on se réveille avec une tête de cheval dans ses draps. Alors oui, j'avoue avoir un certain faible pour les films de gangsters -- The Public Enemy, Scarface (et son remake), Le Parrain bien sûr, Goodfellas et Casino, Reservoir Dogs, The Usual Suspects, Pulp Fiction, The Departed (pour n'en nommer que quelques uns) font partie de mes plus grands coups de coeur cinématographiques, tous genres confondus. A vrai dire, je n'arrive pas tout à fait à mettre le doigt sur ce qui me plait tellement dans ce genre. Le mélange de relations à vif, d'hubris et de recherche effrénée de pouvoir, sans doute. L'exploration d'une part sombre de l'histoire américaine, aussi, quand bien même il s'agirait d'une histoire romancée.


Il y a de tout ça dans The Sopranos, et bien plus encore. Car ce qui me frappe avant tout au sortir des 86 épisodes (chacun faisant entre 45 et 60 minutes, ça fait un sacré morceau) répartis en 6 saisons, c'est l'ampleur et l'ambition de cette série. Tous les thèmes, les débats et les problèmes qui agitent la société américaine moderne (et par extension, la notre) y passent : la superficialité des relations sociales, l'importance disproportionnée du "paraître" par rapport à l'"être", le désœuvrement alors qu'on a tout pour être heureux, le mal-être de la jeunesse, le bouleversement des valeurs référentielles, la banalisation du racisme, etc. Tout ça est traité avec justesse, réalisme et intelligence.
Cette diversité se retrouve aussi chez les personnages. Ceux-ci sont particulièrement nombreux (plus de 30, sans compter les rôles secondaires et les "guest stars"), et pourtant on sent bien qu'une attention extrême a été apportée à chacun d'entre eux, et leurs relations complexes rend l'ensemble absolument crédible. Plus que pour n'importe quelle autre série, j'ai vraiment eu l'impression que ces personnages existaient. D'ailleurs, il me semble avoir reconnu Paulie Gualtieri dans la rue l'autre jour. J'ai changé de trottoir en baissant la tête.

Ce que j'aime peut-être avant tout dans cette série (et ce que je reproche à beaucoup d'autres), c'est qu'elle ne prend pas son audience pour des attardés mentaux qui auraient besoin d'être pris par la main pour s'assurer qu'ils ont bien tout compris et éviter qu'une scène contenant un peu trop d'implicite passe au dessus de leur tête. Elle nous épargne aussi la plupart des écueils narratifs des séries télévisuelles américaines (cliffhangers à gogo, suspense artificiel, grosses ficelles scénaristiques) et qui ont tendance à sacrément m'agacer. The Sopranos est une oeuvre mature et maîtrisée de bout en bout. Bien plus qu'un simple film de gangster à rallonge, The Sopranos donne un bel aperçu de la société américaine d'aujourd'hui à travers les destins tragiques de personnages crédibles et attachants. Un chef-d'oeuvre de la télévision américaine, rien de moins.

ATTENTION SPOILERS
Je ne peux résister à vous montrer cette superbe scène du meurtre d'un des personnages centraux de la série, qui montre très bien comment les techniques de tournage sont à la fois originales et parfaitement maîtrisées :

4 commentaires:

Tigger Lilly a dit…

Une série génialissime.

En matière de meurtre de personnage important, celui de ... rha je ne me souviens plus de son nom, le neveu de Tony. Certes moins cinématographique que celui-ci mais wouach !

Maëlig a dit…

Son cousin tu veux dire? http://www.youtube.com/watch?v=92BiNmxWG58
Avec Steve Buscemi, un de mes acteurs préférés (qui joue d'ailleurs le "big boss" dans la nouvelle série que je regarde, Boardwalk Empire) (très bon également).

CeH a dit…

Tout à fait d'accord, the Sopranos est une des meilleures séries actuelles.

Sinon, un petit conseil: the Departed est une version ridiculement vulgaire de l'original hongkongais - Infernal Affairs - qui est, lui, absolument génial. Des plans superbes, des couleurs magnifiques, des dialogues incluant d'autres mots que f*** et sh***, et surtout bien plus de tension!

Un petit test comparatif après visionnage serait un sujet de "billet" sympa d'ailleurs... Enfin, je dis ça, je dis rien hein :)

Maëlig a dit…

Oui j'avais entendu parler d'Internal Affairs, mais je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir.
Ceci dit, "ridiculement vulgaire", c'est expédier un peu vite un film génialissime. Les jurons ne me gênent pas à vrai dire, c'est pareil dans Goodfellas ou Casino (qui sauf erreur détient la palme du film avec le plus de "fuck") par exemple, ça participe à poser l'ambiance je trouve. Après peut-être que IA est encore meilleur, mais ça n'enlève rien aux qualités intrinsèques de son adaptation américaine àmha.
Je retiens ton idée de billet, ça sera peut-être pas pour tout de suite mais effectivement c'est un truc que j'aimerais bien faire.

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